Chez les sportifs comme chez les gens moins actifs, les AINS, ou anti-inflammatoires non stéroïdiens, sont couramment utilisés afin de soulager divers maux. Pour n’en nommer que quelques-uns, nous parlons d’aspirine, voltaren, advil, motrin, naproxin, etc. Bien que très répandue chez les québécois, cette pratique n’est pas sans conséquences… En effet, la surutilisation de médication est un réel fléau alors que d’autres options, moins dommageables et hautement efficaces, sont pourtant disponibles.

La fonction d’un anti-inflammatoire non stéroïdiens

Tel que le laisse prétendre leur nom, les anti-inflammatoires visent à réduire l’inflammation, plus précisément par l’inhibition de la cyclo-oxygénase (COX). L’inhibition de cette enzyme entrave la production de prostaglandines, responsables de plusieurs fonctions physiologiques notamment au niveau des membranes cellulaires et des muscles. Ils sont donc utilisés afin de diminuer la douleur, fièvre et enflure dues, par exemple, à une blessure sportive. Ceci dit, il est important de tenir compte de deux faits :

  • L’inflammation est un processus physiologique normal après une altération tissulaire. Elle vise à éliminer ou isoler les micro-organismes «agresseurs» s’il y a une plaie puis à réparer les tissus altérés dans la blessure.
  • L’inflammation aigue (< 6 semaines) est bénéfique alors que l’inflammation chronique (> 6 semaines) est dommageable.

Alors quelles conclusions devrions-nous tirer? D’abord, l’utilisation d’AINS doit servir uniquement lors de la phase aigüe d’une blessure afin de soulager l’excès de douleur et d’œdème. L’objectif n’étant jamais de stopper complètement l’inflammation, puisque celle-ci est essentielle à la guérison des tissus, mais plutôt de la contrôler. Ensuite, si les inconforts et complications reliés à une blessure semblent persister dans le temps en terme de mois, voir années, cela signifie que la lésion est entretenue par une autre cause et ne peut être soignée par les AINS. C’est là que la problématique survient; si l’on poursuit l’utilisation de médication, mais que la cause n’est pas véritablement attaquée.

Les effets néfastes reliés à l’utilisation prolongée des AINS

De plus en plus d’études sur le sujet le démontrent, l’utilisation prolongée des anti-inflammatoires non stéroïdiens peut amener bon nombre d’effets indésirables.

  • Troubles du système gastro-intestinal comme les ulcères d’estomac.
  • Insuffisance rénal et ou hépatique.
  • Complications cardiovasculaires dues à la modification de la pression artérielle, la circulation sanguine, la perméabilité des tissus et la rétention d’eau.

De plus, la combinaison des AINS avec d’autres médicaments serait reconnue comme augmentant le risque de souffrir de ces complications. Évidemment, si vous présentez aussi d’autres facteurs de risques de ces troubles de santés, comme l’embonpoint, la haute pression ou la consommation élevée d’alcool, vous êtes d’autant plus sujets à les développer.

Attention les sportifs! Il aurait même été soulevé, lors d’une étude sur les tendons patellaires de marathoniens, que le métabolisme des protéines et des cellules satellites pourraient être entravés par les AINS influençant ainsi négativement la reformation du tissu musculaire et la récupération post-entrainement[1].

Enfin, méfiez-vous aussi de la surutilisation des analgésiques en vente libre comme l’acétaminophène (tylenol) qui devient tout aussi problématique en altérant le fonctionnement du foie, d’autant si vous êtes consommateur régulier d’alcool.

C’est simple, le mot d’ordre doit être modération. Éviter la prise prolongée et continue de ces médicaments et recherchez une autre solution plus efficace, durable et sécuritaire…

Les alternatives

Il est évident que la douleur chronique est très limitative, énergivore et psychologiquement dommageable pour tous ceux qui en souffrent. Il s’agit d’un concept très complexe qui doit être adressé par un(e) professionnel(le) et non pas par un simple comprimé. En vous rabattant sur la médication pour soigner vos douleurs vous ne faite que masquer le réel problème souvent plutôt situé au niveau de la posture, d’un stress mécanique causé par le travail ou un sport répétitif. Le kinésiologue-kinésithérapeute est le professionnel de la santé spécialiste du mouvement humain qui s’intéresse à la posture et au soulagement des douleurs chroniques de façon durable. Prendre soin de son corps demande du temps et de l’énergie, mais le retour sur investissement en vaut le coup! N’attendez plus et consultez votre kiné pour enfin soulager vos maux, améliorer votre condition et atteindre vos objectifs santé J.

Par Jennifer Bourque B.Sc DESS. kinésiologue-kinésithérapeute

Bibliographie :

Christensen B, Dandanell S, Kjaer M, Langberg H, Effect of anti-inflammatory medication on the running-induced rise in patella tendon collagen synthesis in humans, http://jap.physiology.org/content/110/1/137.short, 2010.

General tolerability and use of nonsteroidal anti-inflammatory drugs, http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0002934399003708, 2000.

Bérard F, La réponse inflammatoire, http://lyon-sud.univ-lyon1.fr/servlet/com.univ.collaboratif.utils.LectureFichiergw?ID_FICHIER=1320402911087, 2011.

American Gastroenterological Association, Chronic users of non-steroidal anti-inflammatory drugs (NSAIDs) have an increased risk of bleeding and visible damage to their small intestine, https://www.sciencedaily.com/releases/2005/01/050111123706.htm, 2005.

[1] http://jap.physiology.org/content/jap/110/1/137.full.pdf